Avril 1991, aux alentours de trois heures du matin, naissait le Petit Incy, déjà prêt à embêter son monde. Quelle idée de naître à une heure pareille. C'était en tout cas ce que pensa sa mère entre deux contractions douloureuses. Non vraiment, quel emm**deur alors. Et pourtant c'était son gosse et l'aimait déjà plus que tout. Le seul être vivant qu'elle aime à ce point, même plus que le géniteur de ce petit, qui n'était d'ailleurs que le coup d'un soir.
La mère du petit Innocencio était une femme au tempérament de feu, une vraie tête brûlée qui ne faisait que ce qu'elle voulait. Pourtant élevée dans une riche famille bourgeoise, entourée d'amour, même pas enfant gâtée, elle avait juste un tempérament terriblement vif qui se battait pour ses conviction propres. Et aussi, il fallait l'avouer, foute le bordel parce que ça l'amusait. Elle s'ennuyait sinon, et elle était de ceux qui pourraient réellement mourir d'ennui avec une vie tranquille. Cette femme était un volcan.
Son fils aussi, même si il a de nombreuses caractéristiques venant de son père, et son caractère propre. Nombre de fois avait t-on pu entendre dans le petit village de Rosheim la mère et le fils entrer dans une grande bataille verbale, les deux rivalisant de piques pour avoir le dernier mot. Les villageois avaient appris au fil du temps que si Innocencio était en train de courir dans le village en battant des bras et en criant le nom de sa mère, une scène amusante s'en suivrait une fois qu'il l'aurait rattrapée.
On avait vu famille plus unie, c'était sûr.

Passons à papa Incy. Son père, c'était cet homme qui venait les voir lui et sa mère. Régulièrement, parfois moins, mais il revenait toujours. Et aux yeux du petit, son père était devenu cet oiseau libre, ce coquin qu'on tentait d'attraper sans jamais y parvenir. Cette fripouille aux valeurs morales pourtant présentes, qui revenait s’acquitter de son devoir de père. Il laissait à sa mère et à son fils de quoi vivre, bien que la mère eut un travail -plus ou moins légal-. Mais jamais, pour quiconque témoignait de la scène, on eut pu assimiler cet homme à un père de famille ou à un mari aimant. Il était bien trop indépendant pour ça.
Innocencio n'était pas un enfant désiré. C'était le fruit de l'union d'un soir. L'union entre deux personnes rodées par des combats, des compagnons de route, qui avaient un soir cédé aux envies qui les tiraillaient. Un soir, un seul. Malheureusement cela avait suffit. Après tout, tous les enfants naissent d'une seule union, peu importe combien ont pu être infructueuses avant.

Pour Incy, papa c'était le monsieur qui avait toujours de nouvelles aventures à raconter, et aussi le seul qui arrivait à le maintenir en place. Qu'elles soient fictives ou non, toutes contenaient cette part de liberté, qui faisait voir à l'enfant combien vaste est le monde. Les histoires tantôt rafraîchissantes, légères ou pétillantes laissaient place à de lourds récits noirs, où les carnages qui étaient souvent bien réels, se trouvaient édulcorés pour l'enfant.
Innocencio Sr. continua à venir pendant près de dix ans après la naissance de son fils. Et puis les mois passèrent, passèrent, passèrent sans nouvelles. C'est bien un an après l’événement que, via les contacts de la mère, tous deux apprirent l'assassinat du père. Ce jour là, le déjà turbulent petit Incy se promit d'un jour le venger. A 11 ans, il avait déjà commis quelques délits mineurs. Chapardage dans les villages voisins, faire peur aux vieux, grimper un peu partout surtout là où c'était défendu. Fils de gens à la morale douteuse, et gamin à l'imagination sans barrières, ses valeurs morales ne s'arrêtaient pas à ça. Bien qu'agité, ce n'était pourtant pas un grand bagarreur. En fait, il avait toujours été lâche. Et quand il se battait, c'était bien souvent se battre pour pouvoir prendre la fuite. Son côté pacifiste se plait-il toujours à dire.

Jusqu'à ses 16 ans, le jeune garçon avait continué à grandir dans ce village, sans jamais aller à l'école. Sa mère se chargeait de son éducation, s'assurait aussi qu'il apprenne à maîtriser les quelques bases de la vie. Innocencio s'en sortait remarquablement bien avec l'anglais, mais alors, comme disait sa mère, quel incapable avec les maths. Non vraiment, là dessus, il était nul, nul, nul et nul. Et voilà tout, même si il refusait et refuse encore de l'admettre, disant que c'était difficile.
En grandissant, Incy ressemblait de plus en plus à son père. Il avait nombre de ses traits, sans pour autant en être une copie conforme, car il avait les yeux de sa mère et sa couleur de cheveux. Mais cette ressemblance était là, et sa mère la voyait chaque jour un peu plus. Mine de rien, même quand on clame ne pas avoir de cœur, ça affecte.
Six ans après le décès de papa Innocencio qui avait plus atteint maman Innocencio qu'elle ne l'avouerait jamais, elle parti pour ne jamais revenir. Oh non, elle n'avait pas abandonné son fils, elle lui avait dit "Incy je pars". Et puis elle était partie. Mais le jeune homme ne lui en voulait pas, ne lui en veut toujours pas. Parce qu'il la comprend, et qu'en un peu plus de dix ans maintenant, elle s'était arrangée pour le voir six fois. Et elle s'arrangeait toujours pour savoir si il était en vie ou non. Venant de cette femme, c'était une preuve d'attachement absolument énorme. Et le jeune homme étant doté d'une partie du même caractère en plus d'être son fils, comprenait et acceptait. Bien sûr ça lui avait fait quelque chose, mais il s'en sortait très bien. Il croisait -croise toujours- d'ailleurs régulièrement des portraits de gens recherchés qui lui ressemblaient étrangement. Maman Innocencio n'a pas fini de faire des conner*es. Et puis voir sa mère sur un portrait robot de la police, ça en jette.
Dans la tête de Incy

A 18 ans, il avait intégré une société de méchants. Bouh, le vilain garçon. Cette société, c'était juste un clan de "voyous" qui mettent la pagaille à Chicago pour faire comprendre qu'il n'approuvaient pas le gouvernement d’aujourd’hui, rien de bien méchants, certes.
Méchant. Il savait que ses deux parents étaient des gens comme cela. Ou plus précisément, que son père l'était, et que bien qu'elle ne l'ait jamais officiellement rejointe, sa mère aussi embrassait ces idées. Pourtant, maman Incy c'était aussi une sang-bleus. Faisant par la même occasion de petit un sang-bleu. Et il en était fier, c'était pour lui une revendication supplémentaire de sa liberté. Ce n'était pas qu'il était attaché à cette société plus que ça, mais que si il pouvait éviter de se foutre à dos son propre camp -il en fait déjà assez comme ça-, pour une histoire de sang... Pourtant, Incy n'a toujours appliqué les ordres que comme il l'entendait, faisant bien souvent sa tête brûlée, à retourner les situations à son avantage, quitte à dériver des objectifs de cette société secrète. Pourquoi le garde t-on encore alors ? Outre le fait qu'il est un homme doué et intelligent quand il le veut- pour sauver sa peau donc-, il est surtout doté d'un don particulièrement utile. Et rare, par la même occasion. Jackpot Incy, mais fais gaffe à ce qu'ils ne te jettent pas un jour où ils trouvent le même en plus obéissant.

Ce don ? Simple, simple. Il peut indiquer avec précision la direction, et à terme le lieu, de ce qu'il désire le plus au monde. Alors, à chaque fois, quand ces supérieures le chopait, elle le menaçait gentiment de lui ôter la vie si il ne jouait pas rapidement les boussoles, et la localisation devenait un jeu d'enfant. Bien qu'il ne faille pas si souvent que ça en arriver à de tels extrêmes. Parce que le désir le plus cher du jeune homme était de conserver sa liberté. Liberté qu'il avait au sein de cette société. C'est bien connu, les méchants font ce qu'ils veulent. Si il voulait rester avec eux il devait les aider quand ils le sollicitaient. Dès lors, ce qu'ils cherchaient devenait aussi ce qu'il voulait le plus.
En pratique, le don se brouille souvent. Suffit qu'il ait une envie pressante pour que soudain il devienne le meilleur détecteur de toilettes publiques gratuites au monde. Et puis Innocencio travaille à ce que ce don puisse tout simplement indiquer ce qu'il souhaite, que ce soit son désir le plus cher ou non.
C'est toujours pas gagné.

Pourquoi il a intégré cette endroit à ses 19 ans? Outre le fait qu'il puisse faire ce qu'il veut du coup.
C'est un membre assez spécial dans le sens où lui, les humains doués et les sang-bleus il en a toujours eu strictement rien à battre. Rien à faire que machin soit humain, truc muche sang-bleus, et qu'un jour les deux aient couchés ensemble et pondu un mêlé. Mauvais feuilleton. D'ailleurs, Incy est et sera toujours incapable de discerner humain de sang-mêlé. Peut être en voyant les magies à l’œuvre, et encore. Même quand on lui dit en face, il répondra juste "ah bon ?", un haussement de sourcils, et il se détournera vers autre chose.
Pourquoi rejoindre cette société alors? Parce que son père y avait été, que les méchants c'est cool, que les méchants ça fait ce que ça a envie de faire, et qu'il n'a pas oublié. Venger son cher papa. Bien qu'il ne sache toujours pas qui était le meurtrier, il soupçonnait depuis toujours les autres, c'était ses méchants à lui, finalement. Parce que les deux camps commettaient des atrocités. Et le seul truc qu'on -Innocencio- pouvait concéder au tueurs à gages, c'était finalement de ne pas avoir la hargne contre les trois quart de la planète juste parce qu'ils étaient humains. Mais sinon, tout ce qu'on lui avait raconté c'était de belles enflures. Autant que la société ou travaillait ce cher Incy, à la différence qu'ils ne s'assumaient pas. Quitte à être un salop, autant l'exposer.

A faire l'andouille où qu'il passe, Innocencio est toujours obligé de bouger. Et voilà quelques mois qu'au détour d'une rue, il a rencontré sa mère. Enfin, elle l'a attrapé dans une ruelle, et lui a plaqué une dague sous la gorge en guise de bonjour fiston. En bonne maman vigilante et soucieuse pour son enfant, elle lui a dit -ordonné avec menaces- qu'il ferait mieux de faire profil bas pendant un moment, et qu'il y avait pas mal de grabuge au nord de l'Ecosse.
En clair, qu'il avait tout intérêt à aller se cacher là bas, tout en essayant d'en apprendre plus.

A ce moment là, Incy était encore à Chicago. L'endroit même où se trouvait la chef de la société. Femme dont la réputation n'était plus à faire, et qui lui trancherait la tête si elle l'avait sous la main.
Oui parce que récemment, Incy avait une fois de plus détourné un plan de sa société pour ses intérêts personnels. Le truc, c'est qu'il se pourrait bien qu'il soit en partie responsable du coup, peut être hein. Peut être. Il n'en était pas sûr lui même, mais dans le doute... Et puis il avait de toute façon encore une fois foiré une mission volontairement -bon d'accord, pas totalement foiré, mais quand même-. Et ça, ça valait qu'il soit sage dans son coin. Ses supérieurs avaient été trop occupés par la capture d'un nouveau sang-bleu pour faire autre chose que passer leurs nerfs en lui criant dessus.

Du coup, pour une fois, Incy avait été très enclin à obéir à sa maman adorée. Le tout, c'était maintenant de rester sage pendant un moment.