« This is my past ... »

Avant de frôler une dizaine d'overdoses, Caleb a été un gosse. Plutôt sage malgré son jeune âge, et être le dernier d'une grande famille lui offrait un avenir serein, loin de la déchéance et d'erreurs infantiles. Grandissant au Canada, il ne put s'approprier le destin qui lui était affrété tant la mort de ses parents dans un crash de bagnoles a modifié la donne. Le voilà devenir un colis, transporté dans un centre d'accueil puis dans une famille qui s'avéra à mille lieux de l'originelle en terme de tendresse. Les punitions le frappaient littéralement, pour des motifs légers et souvent sous l'impulsion de l'alcool qui brûlait à l'intérieur des veines de son nouveau paternel. Il encaissa. Sa vision du monde en fut cependant massacrée, et l'ère normalement joyeuse de l'enfance devint pour lui un boulevard d'horreurs. La révolution commença à s'opérer à ses douze ans, où il s'élança dans quelques fugues foireuses et fumant ses premières clopes en récupérant des mégots sur le bitume. Trois ans plus tard, sa carrure lui permettait de faire face au vieux qui le maltraitait et l'aide d'une bouteille employée comme une batte de baseball lui permit d'engranger sa première victoire. Et dans la foulée, une fugue qu'il réussit et l'entraîna définitivement à foutre le camp de l'enfer. Ce ne fut cependant pas pour se retrouver au nirvana immédiatement. Sans diplôme, sans pognon, il erra dans toute l'Amérique, faisant de l'auto-stop, payant parfois son ticket dans un logement en baisant avec la veuve qui y habitait ou employant un abris de bus comme piaule. Les routes lui forgèrent une personnalité moins naïve, plus endurante, et lorsqu'il en vint à s'établir dans une ville il se lança dans le marché de la drogue. C'était simple; au début il se contentait de revendre, ou de transmettre des doses. Une sorte de coursier accueillit avec une joie qui l'étonnait. Tout un monde caché se dévoila à ses yeux au point de le décider à verser à son tour dans la consommation. L'horreur accumulée en lui disparaissait si facilement, ses nuits n'étaient plus criblées d'insomnies. Maintenant il était plongé dans un chaos de sensation, les bars devenant son foyer, les doses son quotidien. Par hasard, il rencontra une Ainswoods sur son chemin, manquant presque de coucher avec sa sœur avant de découvrir son nom de famille : elle lui demanda d'arrêter tout ceci et pour elle, il accepta. La cure fut douloureuse mais il n'était un drogué que depuis peu, ce n'était qu'un sevrage aisé avec à la clé la promesse de traîner avec sa sœur et de rattraper le temps perdu. Deux semaines après en avoir fini avec la drogue, il apprit qu'elle venait de trouver la mort dans un braquage de banque particulièrement sanglant. Game over. Aussitôt, sans hésiter, il dégaina des Lucky Strike, des verres de vodka et commanda de l'héroïne, de la cocaïne. L'existence n'ayant pour lui qu'un faible intérêt, et ses relations avec les autres n'étant motivé que par la drogue ou le sexe. Tout ce qui peut lui offrir du plaisir rapidement.