« This is my past ... »

« Momma please stop cryin, I can’t stand the sound, Your pain is painful and its tearin' me down, I hear glasses breakin as I sit up in my bed, I told dad you didn’t mean those nasty things you
said. »


Huit heures. Je regardai fixement l'horloge accrochée au mur de la cuisine, et j'attendais. J'étais assis sur une chaise en bois, ma mère préparait silencieusement le repas de ce soir. Elle ne parlait presque plus ces derniers temps, et son visage... Il était bleuté à certains endroits. Ma maman, d'ordinaire si belle, était devenue une sorte de schtroumphs défigurée. C'était de sa faute à LUI, tout était de sa faute. Mon frère était dans sa chambre, surement allongé sur son lit, fixant le plafond, comme il avait l'habitude de le faire. Finalement, tout était normal, tout était calme. Je me suis mis à fixer les pieds de ma mère, avec un regard vide et une expression faciale figée. Elle tourna soudain la tête vers moi, et me dit d'une voix douce. Tu as fais tes devoirs Dallas? Je relevai la tête vers elle, et lui répondit simplement Oui, Maman. Elle m'adressa un faible sourire, puis la porte d'entrée s'ouvrit. La panique gagna le visage de ma mère, puis son corps entier, et elle commença à accélérer ses mouvements en cuisine. Elle ajouta quelques instants après, tout en s'adressant à moi Va voir ton frère, et dis-lui que nous allons bientôt passer à table s'il-te-plait. Elle voulait m'éloigner de Lui, j'en étais sur, je ne voulais pas la laisser seule, mais je ne me fis pas prier pour partir de la cuisine. Je L'ai croisé, mais n'ai même pas lever le regard vers Lui. Je suis vite partie en direction des escaliers pour monter au premier étage. Arrivé en haut, j'ai entendu une chaise glisser bruyamment sur le sol, et il a commencé à hausser la voix Qu'est-ce que tu fais, dépêche-toi connasse, j'ai faim ! qu'il disait à ma mère. Je les ai écouté pendant quelques minutes, appuyé contre la balustrade en haut de l'escalier, puis je suis allé en courant dans la chambre de mon frère. Nohé, à table. Il était assis sur sa chaise de bureau, il dessinait. Nohé avait toujours été un bon dessinateur. Quand j'étais bébé, il me dessinait plein de choses, puis il les accrochait sur les murs de ma chambre. Je me suis approché de lui, et j'ai regardé par dessus son épaule. Mon grand frère m'empêcha de voir ce qu'il était en train de dessiner, en plaçant son bras au dessus de la feuille en papier. Je n'ai pas insisté, et je lui ai répété On doit descendre manger. Il ne me regarda même pas, et répondit froidement, tout en se remettant à dessiner sur sa feuille Je n'ai pas faim. Je ne voulais pas redescendre sans lui. Alors j'ai insisté S'il-te-plait Nohé, me laisse pas tout seul avec lui, il va encore me faire du mal... Les larmes n'arrivaient même plus à couler tellement j'en avais versé par sa faute. Nohé se tourna enfin vers moi, et il me dit Je ne veux plus qu'il me frappe encore à moi non plus, alors je n'irais pas manger ce soir. J'ai baissé la tête, puis je suis sorti de la chambre, et j'ai longuement descendu les escaliers. Mon coeur accélérait ses battements à chaque marche, jusqu'à ce que je franchisse la porte de la salle à manger, où ma mère et l'homme assit à côté d'elle m'attendaient. Je me suis approché doucement, comme si je ne voulais pas faire de mouvements brusques, mais il s'est levé, et m'a tiré par le col de ma chemise. Tu vas te dépêcher, oui !! Il me souleva, en empoignant le dos de ma chemise, je décollais du sol, puis il me fit m'assoir sur une chaise en fasse de la table à manger. Je gardai la tête basse, n'osait même plus exprimer ma douleur. Ma mère m'adressa un regard compatissant que je ne vis pas, je sentis seulement sa main caresser doucement la mienne. Cela me rassura un peu, mais pas assez pour me faire sentir mieux. Je vivais dans la peur constante à cause de lui. Pour moi, il n'était plus qu'un étranger, un homme que je ne connaissais pas vraiment. Maman disait qu'il était mon père, mais moi je répondais qu'il n'était qu'un bourreau. Un fou, une personne méchante et malsaine. Il nous frappait, tous les trois, depuis toujours. Je n'ai jamais compris comment ma mère, qui elle, était si douce et passive, avait pu épouser un homme comme lui. J'en suis déjà arrivée à la conclusion qu'elle avait des tendances maso, mais même une personne maso aurait finis par détester de recevoir des coups.
Je commençai à manger, quand la voix glaciale de ce qui me servait de père m'interrompit Où est ton frère ?! me demanda-t-il. Il est dans sa chambre, il ne veut pas venir manger. je sentais la colère monter, il haussa le son. Et pourquoi ça ?! Je me raclai la gorge, ma voix tremblait légèrement. Il... Il n'a pas faim, je suppose. Je ne comptais pas lui dire la vraie raison, même si au fond il la connaissait. Puis il s'est levé d'un coup, et d'un pas décisif, il est allé dans la chambre de mon frère. J'ai commencé à entendre des cris de douleur, que mon père tentait tant bien que de mal de dissimuler. Il le frappait de plus en plus fort, les objets tombaient au sol, on entendait les meubles se déplacer. Ca a duré dix minutes. J'ai croisé mes mains et j'ai prié, prié pour qu'il arrête. Je ne croyais pas particulièrement en Dieu, mais dans ces moments là, je voulais croire en quelque chose. Ma mère m'a blottit dans ses bras tout en pleurant silencieusement, au fond, nous vivions dans le silence, même nos cris étaient silencieux car personne ne pouvait les entendre.
Et puis, mon frère a cassé de crier. Pendant au moins une minute, il n'y aucun bruit, seulement les reniflement de ma mère. Mon père est redescendu, il avait les mains en sang et le visage en sueur. Sa respiration était saccadé, il nous regarda comme un meurtrier qui avait perdu la raison. J'ai su que quelque chose clochait quand j'ai entendu l'homme claquer la porte d'entrée. Alors je suis monté dans la chambre à Nohé, et je l'ai découvert allongé sur le sol, plus amoché que jamais. Mais malgré ça, quand je me suis approché de lui, son visage me semblait si paisible, que j'ai alors compris ce qui n'allait pas... Mon père venait de tuer mon frère.


« Shut your mouth and close the door, i wanna, watch you while you take it off, i'm gonna, take a blindfold put it on, and then I drop the letter to the floor. »

Deux années venaient de s'écouler depuis la mort de mon frère, âgé seulement de douze ans. Après que mon père l'ait froidement abattu à coup de poing et d'une violence extrême, ce dernier fut retrouvé dans les rues de Miami et il atterrit directement en prison pour meurtre et violence familiale. Il en avait pour trente ans. Ma mère et moi étions rassurés en pensant qu'il ne nous ferait plus jamais de mal, qu'il ne poserait plus jamais la main sur l'un de nous deux. Ma mère vendit la maison au bout de quelques mois car elle n'arrivait pas à payer les factures, toutes ces choses là... Elle n'avait pas de travail. Parfois, elle faisait serveuse dans un bar minable mais se faisait virer très vite après. Alors nous vivions dans la misère la plus totale, et il nous fallait de l'argent pour payer nos dettes. Une fois tout ça terminé, il ne nous restait plus grand chose, alors ma mère et moi, nous nous sommes installés dans un petit studio de trois pièces, dans un état assez lamentable. Il y avait l'entrée, qui donnait directement sur un petit salon, la cuisine et la salle à manger, puis la chambre, seule et unique que nous partagions avec ma mère. Et enfin la salle de bain, avec les toilettes. Mais malgré tout ça, il nous fallait encore et toujours de l'argent pour subvenir à nos besoins. Ma mère chercha un travail pendant des mois, jusqu'à ce qu'un jour elle m'annonce qu'elle avait trouvé un job qui rapportait plus ou moins bien si elle faisait correctement ce qu'on lui disait de faire. Ce qu'elle ne m'avait pas précisé, c'était quel genre de travail elle avait accepté. Mais moi, je ne me doutais de rien, étant enfant j'étais plutôt naïf et tête en l'air, je n'insistais pas pour tout savoir. J'avais seulement dix ans, et j'assistais tous les soirs à des choses que des enfants ne devraient jamais voir.

Ma mère était rentrée dans les alentours de vingt-et-une heures ce soir-là, j'étais tranquillement dans notre chambre en train de finir mes devoirs. Je l'ai entendu parler, et j'ai ensuite reconnu une deuxième voix, qui appartenait à un homme. J'ai alors compris que ma mère était en train de travailler. Normalement, j'essayais de m’éclipser de l'appartement pendant un moment, histoire de ne pas voir en quoi consistait le travail de ma mère, elle me disait toujours que ce n'était pas pour les enfants. Mais cette fois là, j'étais coincé. Je ne pouvais pas sortir de la chambre car sinon l'homme me verrait et il partirait surement en voyant qu'il y avait un gamin dans l'appartement, mais je ne pouvais pas non plus rester sur le lit comme ça, en attendant qu'ils me tombent dessus. Je les ai entendu se rapprocher de la chambre, j'ai alors vite pris mes affaires dans mes petits bras et je me suis caché dans l'armoire. Juste au moment où je fermai la porte de cette dernière, les deux adultes rentrèrent dans la chambre à coucher. J'essayais de me désintéresser de ce qu'il se passait juste à côté, mais l'occasion était trop belle. Je voulais savoir ce que faisait ma mère pour gagner des sous. J'ai donc légèrement ouvert la porte de l'armoire, de façon à pouvoir regarder d'un oeil la scène. J'ai tout d'abord vu les deux personnes s'échanger un long baiser langoureux, ce qui me dégoutait au début. Puis l'homme a commencé à déshabiller ma mère, pendant qu'elle enlevait les habits du Monsieur. Je n'arrivais à arrêter de regarder, au début cela me dérangeait de voir ça, mais au fil des minutes, je commençai presque à apprécier cette scène. Puis ils se sont allongés sur le lit, l'homme au dessus de ma mère. Je ne cessai d'entendre des gémissements, des grognements. Leur respiration était rapidement devenue saccadée, alors que l'homme faisait des va et vient, nu, au dessus de Maman. C'était ça alors, faire l'amour. Mes copains d'école m'en avaient parlé des fois, mais je n'avais jamais vraiment vu à quoi ça ressembler de faire ça. Je ressenti une sensation bizarre tout en les regardant, comme de l'excitation, du plaisir. Pourtant c'était ma mère que je voyais en train de coucher avec un inconnu, mais ça n'empêchait pas que je ressenti cela. C'était plutôt agréable, et c'était la première fois que j'avais cette sensation. Cela a duré pendant au moins vingt minutes, puis les deux adultes se sont rhabillés. Ma mère a accompagné l'homme jusqu'au pallier de la porte, où ils se sont dis au revoir, tout simplement. J'en ai profité pour sortir de l'armoire, puis de la chambre. Ma mère se retourna après avoir fermé la porte de l'appartement et m'aperçut alors, elle sursauta et me dit, assez agressivement mais surtout surprise. Dallas, mais qu'est-ce que tu fais là ?? Mon visage laissa exprimer que je me sentais coupable de ne pas être parti à temps. Mais au lieu de lui répondre, je posai déjà à mon tour une question. C'est ça alors ton travail ? Des hommes te payent pour que tu leurs fasses l'amour ? C'était au tour de ma mère de se sentir coupable. Ce n'était pas vraiment le genre de travail que l'on avait envie de crier sur tous les toits, même avant de faire cette découverte je savais bien qu'elle en avait honte. Elle hocha la tête et me dit tout en me tenant l'épaule Oui, c'était le seul moyen de pouvoir nous nourrir et payer le loyer... Si tu savais comme je me sens mal...
Je me suis finalement réfugié dans ses bras réconfortant, et je lui ai promis que je ne le dirai à personne. Et tous les soirs, je la regardais faire son boulot, caché dans l'armoire. Comme si c'était normal pour un enfant de dix ans de voir sa maman se prostituer.


« What's wrong with me? Why do I feel like this? I'm going crazy now. »

Monsieur Dallas Kutters, vous êtes en état d'arrestation, vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz sera retenu contre vous. Voilà deux mois que cette phrase tournait en rond dans ma tête. J'étais en prison, et j'avais l'impression que ça faisait une éternité que j'étais derrière les barreaux. On m'avait mis dans une cellule tout seul, de peur que je ne tue quelqu'un, que je fasse quelque chose de fou. Parce que c'était comme ça qu'on m'avait défini, « un homme fou ». Aujourd'hui, j'étais d'ailleurs transféré dans un hôpital psychiatrique. Autant vous dire que je préférais largement ça que d'avoir la peine de mort. Le juge avait conclut que j'étais quelqu'un qui n'avait plus toute sa tête, et que donc mes meurtres étaient justifiés, en quelque sorte. Je n'avais franchement pas bien compris tout ce que les avocats, juges, témoins avaient dis pendant le procès. C'était assez ennuyant à vrai dire. Je crois même avoir comaté à certains moments, mais j'étais parfaitement éveillé quand le juge m'a déclaré « non coupable » à cause de ma folie. Ca avait déclenché une foulée de crise de rage venant des trois quarts de la population présente dans la salle. Je me souviens que mon avocat avait longuement raconté mon « enfance difficile », comment mon père d'origine russe avait froidement tué mon frère, la façon horrible dont j'ai grandi, dans un petit appartement avec ma mère qui se prostituait sous mes yeux d'enfant innocent, ou bien ma « défaillance mentale » qui n'était qu'une accumulation de tout ça. Il avait aussi raconté un tas d'autre truc sur moi.
Comme par exemple, ma fascination pour l'anatomie. Il est vrai que j'avais poursuivi des études de médecine principalement pour cette raison. J'aimais le corps humain. J'avais décidé, étant encore un étudiant, de devenir Médecin légiste. Je ne comprenais moi-même pas pourquoi j'étais autant fasciné par ça... Personne ne le savait vraiment. Une fois que j'étais devenu médecin légiste, ma fascination avait pris une tournure étrange, que je ne serais expliquer. C'était surtout de l'attirance, plus qu'autre chose. Les corps de femmes sans vie, froid, blanc, inactif me donnaient plus envie qu'une belle et jeune femme en plein santé. Et je me suis laissé tenté. Le soir tard, quand il ne restait plus personne au sous sol, je cédais à la tentation, et je « couchais » avec les cadavres, je leur faisais tout ce que j'aurais fais à une femme en vie pendant l'acte sexuel. Pendant deux semaines environ, je n'avais eu aucun problème. Mais un jour, on m'a pris la main dans le sac et je me suis fais automatiquement viré. Après quoi, j'avais enchaîné les petit boulots, je n'avais plus le droit d'approcher l’hôpital à moins de cent mètres. J'étais plutôt fauché, comme je l'avais toujours été, j'avais presque l'habitude.
Il avait aussi dis que je m'étais marié, à une femme tout à fait ravissante. Il n'avait pas tord ; dès que je l'avais vu elle m'avait de suite attiré. Elle était charmante, drôle, compatissante et patiente. Surement trop naïve et gentille. Je l'avais rencontré dans un bar, c'était une cliente alors que moi j'étais un simple serveur. Je l'avais dragué, elle n'avait pas refusé mes avances. Puis elle est partie vers dix huit heures, me laissant un gros pourboire et son numéro de téléphone. Je lui ai propos de nous revoir, elle a accepté, puis rapidement nous sommes réellement sortis ensemble. Au bout d'un an je l'ai demandé en mariage, alors que nous venions à peine de commencer à vivre ensemble. Sexuellement... Je l'effrayais. Ce qui m'excitait lui faisait peur ; lorsque nous faisions l'amour, je lui demandai de ne pas bouger, de se laisser faire. Je voulais l'imaginer morte... J'étais définitivement nécrophile. Mais malgré cela, ma femme m'aimait, elle se doutait que quelque chose clochait chez moi, mais cela ne l'empêchait pas de me donner tout cet amour que je ne méritais pas. Oui je ne le méritais pas, parce qu'un jour, j'ai craqué, et j'ai tué une jeune femme dans la rue. C'était tard le soir, elle était seule dans une ruelle, je l'ai coincé, tué, puis souillé. Personne ne savait que c'était moi, au début du moins. Puis j'ai appris que ma femme était enceinte, j'ai tenté de me retenir, mais quelques mois plus tard, j'ai assassiné une nouvelle femme, puis je l'ai souillé. Ma fille est née, nous l'avons appelé Maïlinna. Elle m'a beaucoup occupé, et pendant presque une année, j'ai résisté à la tentation de tuer à nouveau. Mais ma femme commençait à avoir des doutes sur moi, elle voyait bien que j'étais un peu dérangé depuis plus d'un an, que quelque chose n'allait pas. Et un soir, j'ai recommencé. Mais cette fois, on m'a retrouvé, et j'ai atterri en prison, comme mon père. Moi qui ne voulait pas lui ressembler, j'avais finis par devenir comme lui : un assassin. Il n'avait même pas été capable de faire ses trente années de prison, il était mort au bout de quinze ans dans sa cellule. Personne n'a jamais su pourquoi ni comment d'ailleurs. On l'avait retrouvé mort un matin, un garde l'avait découvert ainsi. Quand j'avais appris la nouvelle, j'ai simplement répondu aux policiers C'est la punition la plus juste qu'il méritait après ce qu'il a fais.
Alors voilà, aujourd'hui, je passais de prison à hôpital psychiatrique. Enfin c'était comme si je passais d'une prison à une autre prison, sauf que celle-là était dédiée aux fous, et qu'on allait s'occuper de moi, me donner des cachets... A côté de là où j'étais en ce moment, ça allait être le paradis sur terre. La seule chose qui me mettait vraiment en colère, c'était que je venais d'apprendre que ma femme avait demandé le divorce...


« Obstacles and signs, Perilous and looming, Dangerous and moving »

Je sentis l'adrénaline s'emparer de tout mon corps. Comme c'était bon de se sentir libre ! Je courrai depuis au moins cinq minutes, ma respiration était saccadé et mon coeur battait à tout rompre. Je venais de m'évader de l'hôpital psychiatrique. Fini les infirmières à mes petits soins, les cachets à prendre matin, midi et soir, fini les camarades aussi fous que moi, je reprenais ma liberté ! Voilà déjà vingt et un an que j'étais enfermé dans cette foutue prison, vingt et un an que je n'avais pas vu ma fille... Vingt et un an que j'avais été coupé du monde extérieur. L'hôpital n'avait pas arrangé mon cas, j'avais mis vingt et un an pour réaliser que ma place n'était pas ici, je n'avais rien à faire parmi tous ces gens. Il fallait que je retrouve ma fille, que je la vois, que je puisse lui dire combien je l'aime. Je me fichais de ce que j'avais fais, et de ce que j'allais faire, elle était mon obsession, je n'avais plus qu'elle en tête. Si je courrai à m'en bruler les poumons, et que l'oxygène avait du mal à arriver à eux, que mes muscles me faisaient tellement mal et que je devais m’arrêter pour reprendre des forces mais que je continuais quand même, c'était pour elle. Il fallait que je la vois. J'avais déjà mis au point mon plan. Pendant des années, j'avais cherché quelqu'un dans l'hôpital qui connaissait une personne hors de l'hôpital me permettant de retrouver la trace de mon ex-femme. Après des mois de recherches et de négociations, j'avais réussi à trouver quelqu'un. On m'avait mis en contact avec lui, il venait me voir une fois par mois, avec de nouvelles informations. Au bout d'un an, j'avais finis par avoir son adresse. Elle s'était remariée avec un homme riche, avocat, quelqu'un de stable et sans problème d'ordre psychologique, qui avait une famille tout ce qu'il y a de plus normal. Bref, l'inverse de moi quoi. Tout ce qu'il me restai à faire après ça, c'était de m'évader. J'avais essayé de trouver une feinte pour pouvoir m'échapper, et j'ai fini par remarquer que les infirmières prenaient leur pause du soir vers la même heure et qu'il n'y aurait donc personne pour me surveiller vers cette heure là. J'ai donc planifié mon évacuation pour ce jour-là et tout avait fonctionné. Il fallait maintenant que je trouve un taxi, l'homme qui était venu me voir avec les informations sur mon ex-femme m'avait également donné de l'argent, et des vêtements.

Au bout de vingt minutes, je suis finalement arrivé à avoir un taxi. L'homme qui conduisait avait sans doute remarquait que je n'étais pas net, j'étais essoufflé, transpirant, mon visage était pâle et sombre, j'avais la tête d'un meurtrier, ce que j'étais, en définitive. L'homme finit par s'adresser à moi, d'une voix froide Vous allez où? Je tournai le regard vers lui, un regard difficile à comprendre. A l'aéroport. répondis-je simplement. Pendant tout le reste du trajet, personne ne parla, j'avais la tête posé contre la vitre froide de la voiture. Je pensais. A la façon dont j'allais réagir en voyant mon ex-femme. Ce que j'allais lui dire. Comment j'allais m'y prendre pour qu'elle me dise où se trouve ma fille. Je ne savais pas si j'allais garder mon calme très longtemps. Ou si même j'arriverais à être calme rien qu'une seconde. Une fois arrivée à l'aéroport, j'ai acheté un billet d'avion allée simple pour New York, car c'est la que mon ex-femme avait déménagé après notre divorce. J'ai pris l'avion pendant la nuit et je suis arrivé là-bas au petit matin. J'ai ensuite repris un taxi, je lui ai donné l'adresse, il m'y a emmené. Ca y est j'y étais. Après tant d'années de séparation, j'allais revoir mon ex-femme. J'ai pris une grande inspiration, et j'ai tapé à la porte d'entrée. J'ai patienté pendant dix secondes, avant de retaper à la porte, de façon un peu plus insistante. Un homme vint alors ouvrir la porte, ça devait être l'avocat. Oui? C'est pour quoi? Je sentais déjà la colère monter en moi. La façon dont il me parlait, comme s'il était supérieur aux autres, à moi, ou même comme il me regardait avec ce air hautain et sournois. Il mériterait bien des claques. Pourtant, j'essayais de me contenir et je lui répondis aussi calmement que possible. Je viens voir Lucie, il faut que je lui parle. Le ton de ma voix était ressorti plus froid que je ne le pensais et cela n'avait pas l'air de plaire à Monsieur. Il m'invita à rentrer, ce que je fis sans hésiter. Je commença à regarder la pièce qui s'offrait à moi. Ca n'avait rien à voir avec le petit appartement que j'avais habité avec ma mère, ou même celui que j'avais eu avec Lucie. C'était même l'inverse extrême. L'homme finit par ajouter quelques instants plus tard, tout en montant les escaliers en marbre. Je vais la chercher, je reviens. Si seulement il savait qui j'étais en réalité, il ne m'aurait jamais laissé rentrer dans sa maison. En attendant que mon ex-femme n'arrive, je scrutais les photos accrochées au mur. Il y en avait beaucoup de ma fille, elle était magnifique. Je regrettais amèrement de ne pas avoir pu la voir grandir, mais j'allais rattraper le temps perdu, coute que coute.

Lucie descendit les marches. Quand elle m'aperçut, elle eut un moment d'hésitation. Elle devait surement se demander si elle devait m'affronter ou me fuir. Mais elle s'approcha quand même de moi, me regardant de haut, tout comme son mari. Décidément. Je tentai de la regarder de la même manière, alors que l'avocat dit à sa femme, tout en l'embrassant. J'y vais, j'ai un gros procès ce matin. Elle lui adressa un hochement de tête, puis il sortit de la maison. Nous étions tous les deux seuls à présent. Je la regardai, me remémorait ces années passaient ensemble. Sa voix de cristalline me sortit de mes pensées. Qu'est-ce que tu es venu faire ici... Je m'approchai alors doucement d'elle. Je ne répondis pas tout de suite. Mon regard ne se détacha pas de la silhouette de Lucie, alors que je posais simplement ma main sur son avant bras, avant d'enfermer entre mes doigts. J'avais un sourire sadique au coin des lèvres, ce qui ne présageait rien de bon pour la femme qui se tenait en face de moi. Puis j'ai avancé vers elle de quelques pas, mais elle tenta de m'échapper en reculant de quelques pas elle aussi. Alors j'ai continué à marcher, jusqu'à ce que le mur nous empêche de poursuivre cette petite balade. Lucie colla son dos contre le mur, et je pus enfin m'approcher de près, très près. Nous n'étions plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, une distance vraiment ridicule. Dallas, qu'est-ce que tu fais.. J'ai collé mon corps contre le sien, puis j'ai glissé longuement mes mains sur ses hanches, la coinçant fermement entre le mur et moi. Elle me regardait d'un air suppliant de la laisser tranquille, mais je m'en fichais bien. J'ai rapproché mon visage du sien, je sentais sa respiration se faire irrégulière, alors que moi j'étais particulièrement calme. Puis, j'ai finis par répondre sèchement. Où est notre fille, Lucie ? Elle sembla surprise tout d'abord surprise, puis me répondit presque agressivement. C'est pour ça que tu es venu ? Tu veux voir ta fille ? Te faire pardonner pour toutes ces années passées loin d'elle ? Sa franchise m'énerva quelque peu, je déplaçais rapidement mes mains vers ses poignets pour les emprisonner et les plaquer eux aussi contre le mur. Mon regard restait de marbre, ne montrant aucun sentiment, aucune pitié même si elle ne cessait de gémir de douleur parce que la serrai trop fort. Lucie, voyons, ne joue pas les dures avec moi, dis-moi où est-elle, qu'on en finisse vite. Elle ne répondit toujours pas à ma question, je l'ai alors tiré vers moi puis je l'ai violemment poussé vers le mur d'en face, où je l'ai finalement plaqué pour la seconde fois. Où est-elle ?! Une larme coula sur la joue de mon ex-femme, elle finit par me répondre dans un murmure. Chicago... Je ne connais pas l'adresse, elle s'est installée là-bas récemment... Un sourire de satisfaction se dessina alors sur mes lèvres, elle avait cédé particulièrement vite. Je l'ai lâché, elle s'éloigna rapidement de moi. J'avais le dos tourné vers elle, et sous une pulsion, je me suis retournée pour me jeter sur elle. Nous sommes tombés tous les deux à la renverse sur le sol, et j'ai commencé à lui donner une multitude de coups de poing. Elle se mit à se défendre elle aussi, me frappant où elle pouvait, je me suis relevé et j'ai attrapé la première chose qui me venait sous la main. Coup de chance, il s'agissait d'un parapluie. Sans aucune pitié, je lui plantai de toutes mes forces l'objet dans le ventre avant qu'elle ne puisse se relever. Elle écarquilla les yeux, et du sang en masse commença à couler sur le parquet. Je retirai l'objet alors que Lucie se vidait de son sang sous mes yeux meurtris. Puis je lui replantai le parapluie une deuxième fois, et une troisième, jusqu'à ce qu'elle perde connaissance, puis rapidement, la vie. Je ne pus m'empêcher, en bon nécrophile reprenant du service, de la souiller avant de m'en aller discrètement. Ma prochaine mission : retrouver ma fille à Chicago.