« This is my past ... »

Toutes les histoires commencent par « Il était une fois... » et s'achèvent par « Ils vécurent heureux ... ». Je souhaite sincèrement que celle que je m'apprête à vous raconter n'échappera pas à cette règle. Tout commence à Paris, capitale française, ville de l'amour, de l'art et du tourisme. Je vous imagine déjà en train de rêver, c'est vrai que le début de cette histoire pourrait vous laisser rêveurs, mais attendez de l'écouter en entier ainsi vous serez à même de juger. Donc, je disais que tout a commencé à Paris. Deux jeunes gens, totalement différents, se rencontrèrent. Une rencontre tout à fait anodine. La jeune femme, Élise, était une jeune étudiante âgée de seize ans, elle travaillait l'été en tant que serveuse dans un petit restaurant. Le jeune homme, Henry, était un jeune Anglais qui avait suivi ses parents dans la capitale française, il était âgé de dix-huit ans et suivait des études de médecine. Deux personnes d'un monde différent, aux habitudes et aux mœurs opposées, et pourtant deux personnes qui allaient être liées à jamais. Élise travaillait chaque été pour pouvoir financer ses études, car elle vivait seule avec sa mère qui était très souffrante et qui ne percevait pour vivre qu'une mince pension. Elle était loin de s'imaginer qu'elle allait rencontrer l'unique amour de sa vie dans ce petit restaurant. De son côté, Henry avait le mal du pays, il rêvait de retourner un jour dans sa ville natale, Londres. Alors qu'il errait dans les rues de la capitale française, il tomba devant la devanture de ce restaurant sans importance. Pourquoi a-t-il décidé d'y déjeuner, alors qu'il avait nettement les moyens de s'offrir un repas dans un meilleur restaurant ? Il ne l'a jamais su, mais une chose est sûre, il n'a jamais regretté son geste.

Alors qu'il s'installait, seul à cette table, il la vit. Elle était sublime, de longs cheveux roux et de grands yeux bleus, une silhouette fine et un teint pâle, elle semblait si douce et fragile. Dès le moment où il a posé son regard sur Élise, il a su qu'elle serait la femme de sa vie. Je vous vois déjà faire la moue, je sais, ça peut paraître un peu niais et cul-cul, mais je vous assure, c'est bel et bien ce qui s'est passé. De son côté, la jeune serveuse avait bien remarqué le jeune homme installé seul, il était d'une beauté renversante avec ses cheveux de jais et ses grands yeux sombres. Mais elle le connaissait déjà, du moins elle l'avait déjà aperçu, car le père de ce jeune homme travaillait dans l'hôpital où était traitée la mère d'Élise pour sa maladie. Elle savait donc bien qu'ils n'appartenaient pas au même monde et qu'il ne s'intéresserait jamais à une pauvre fille comme elle, il fallait qu'elle se fasse une raison. C'est donc avec professionnalisme qu'elle se dirigea vers lui et lui demanda ce qu'il désirait commander. Henry ne put s'empêcher de demander à cette magnifique jeune femme son prénom, elle s'appelait Élise, ce prénom lui allait comme un charme. Alors qu'il faisait tout pour la charmer, Élise se montrait distante, bien qu'il pouvait voir qu'il ne la laissait pas indifférente, mais Henry avait l'habitude, après tout il faisait cet effet à beaucoup de femmes, mais la jeune Française n'était pas comme les autres.

Autant vous dire que le jeune Anglais eut beaucoup de mal à conquérir la douce Élise, cette dernière pensant qu'il ne s'intéressait à elle que pour une chose : le sexe. Après tout, tous les jeunes hommes de cet âge ne pensent qu'à ça, pourquoi Henry serait différent ? Mais après avoir reçu des poèmes, des fleurs et j'en passe, Élise a décidé d'accorder sa chance à Henry, elle ne l'a pas regretté. Les voilà, huit ans plus tard, mariés et vivant ensemble. Henry est devenu un brillant chirurgien, quant à Élise, elle est institutrice et attend un heureux évènement. L'arrivée de cet être dans leur vie allait être la plus belle chose qui pouvait leur arriver. Cet enfant sera une petite fille, elle portera le nom de Lou-Ann...

Alors, vous avez bien rêvé ? Je suppose que oui. Et bien laissez moi casser votre délire, car cet enfant c'est moi et je vous assure que ma vie n'a rien d'un rêve. Redescendez sur terre s'il vous plait, vous pensez vraiment qu'une histoire peut être aussi parfaite !? Bon, comme vous l'aurez compris, mes parents vivaient le parfait amour quand je suis venue au monde, et ma vie était parfaite. J'étais aimée, chérie, je ne manquais absolument de rien, je vivais comme dans un rêve, mais la vie est pourrie, vous croyez quoi ! Lorsque j'ai eu cinq ans, les médecins ont découvert une anomalie, je souffrais d'une maladie qui affectait ma vue. Lorsque je me trouvais dans un état de stress, je ne voyais presque plus rien, les docteurs disaient que je pouvaient très bien vivre avec ma maladie, mais à mes huit ans, je perdis complètement la vue. La cécité est une chose vraiment insupportable, se retrouver dans un noir permanent est très effrayant, surtout pour une enfant de huit ans. Je dus apprendre à vivre dans le noir.

A douze ans, je commençais à m'habituer à mon handicap, ma mère avait arrêté de travailler pour s'occuper de moi, mais il était temps qu'elle reprenne son activité, après tout, à douze ans, on est assez vieux pour s'occuper de soi sans aucune aide extérieure. J'étais très douée à l'école, j'avais d'excellentes notes et je rêvais de devenir psychologue, afin d'aider les personnes en difficulté. Je suivais également des cours de piano, ayant perdu la vue, mes autres sens s'étaient décuplés, notamment l'ouïe. J'étais plutôt bonne et mon professeur était génial. Du moins, en apparence. Un jour, alors qu'il me donnait des cours, il eut un geste déplacé, il s'était toujours montré très tactile avec moi, mais ça ne me dérangeait pas plus que ça. Mais cette fois il a été beaucoup trop loin. Alors que j'étais assise sur le banc en face du piano, ses mains s'étaient d'abord glissées dans mes cheveux pour enfin se retrouver entre mes cuisses. Je n'ai pas attendu plus longtemps, je me suis sauvée, mais allez vous enfuir alors que vous êtes aveugle vous ! Je suis tout de même parvenue à lui échapper. Je me suis abritée dans un placard, je n'avais aucune idée d'où je me trouvais et j'ai attendu des heures durant. Ce n'est que lorsque mes parents sont rentrés que je suis enfin sortie, je leur ai tout dit et mon père a alors juré qu'il trouverait un moyen pour que je retrouve un jour la vue.

Il a tenu sa promesse, car à quinze ans je fus opérée par les meilleurs médecins de France et je pus enfin revoir la lumière du jour. Ce jour fut le plus beau de toute mon existence. Je redécouvrais petit à petit les simples plaisirs de la vie, ce fut comme une renaissance. Mes parents étaient heureux de me voir comme ça et je leur serais à jamais reconnaissante de ne pas avoir perdu espoir et de s'être battus pour moi. Ma vie reprit un cours normal, je continuais mes études, me fis des amis, commençai à sortir avec des garçons. Je menais une vie parfaite ! Mon désir de devenir psychologue et de venir en aide aux nécessiteux était encore plus grand, je voulais me montrer utile, laisser une trace sur ce monde quand je n'y serais plus, je veux qu'on se souvienne de moi. J'ai donc commencé à faire du bénévolat sur mon temps libre et j'y ai vite pris goût. A dix-huit ans, alors que je venais d'entrer à l'université, j'ai rencontré un homme, c'eut été le coup de foudre, je ne pensais pas que cela puisse exister, mais lorsque je l'ai vu, j'ai immédiatement su que je l'aimerais toute ma vie. Il s'appelait Erik, il était Américain et était de passage en France, il devait y rester seulement trois mois. Durant ces trois mois, nous vécûmes une parfaite idylle. Mais le jour où il dut partir, il me fit une demande que je ne pus refuser. Il me demanda en fiançailles, et donc de le suivre aux États-Unis. J'ai immédiatement accepté sa demande, bien que mes parents n'étaient pas vraiment enjoués, mais ils voulaient mon bonheur, alors ils me laissèrent partir.

J'ai donc emménagé à Chicago à dix-neuf ans, mon fiancé était un jeune avocat plein de talent. Nous voulions attendre que j'eusse terminé mes études pour nous marier, mais nous n'en eûmes jamais le temps. Cela faisait cinq ans que nous vivions ensemble, nous étions heureux et nous nous aimions. Mais un soir, alors que je rentrai des cours, je vis une ambulance et des voitures de police en bas de chez nous. Je me précipitai alors pour voir ce qui se passait et je fus horrifiée d'apprendre que mon fiancé venait de se faire tuer. Une balle dans la tête. Il s'agissait d'un homme qu'il avait fait coffrer et qui voulait se venger. En un quart de seconde, j'avais tout perdu. Je n'avais plus rien. J'étais seule. Mais je ne suis pas laissée abattre, je voulais que où qu'il soit, l'homme de ma vie puisse voir que j'étais forte. J'avais vingt-deux ans et je n'avais qu'un unique but dans la vie : aider les autres pour essayer de rendre ce monde meilleur. Je vis toujours à Chicago, je continue mes études de Psychologie. A côté de ça, je continue à venir en aide à ceux qui en ont besoin, je ne supporte pas de voir les gens souffrir, alors je fais de mon mieux pour me rendre utile, bien que mon aide ne soit pas toujours la bienvenue. Chicago grouille d'âmes perdues, et mon but est de les sortir de ce cauchemar.